Qu’est-ce que la CITES ?
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La COP30 sur le changement climatique vient à peine de fermer ses portes ce week-end à Belém au Brésil qu’une autre COP s’ouvre déjà : la COP20 de la CITES démarre ce lundi à Samarkand en Ouzbékistan. La CITES est bien moins connue que les conventions de l’ONU sur le climat, la biodiversité ou la désertification. Et pourtant, il s’agit d’un organe crucial de la diplomatie environnementale.
La CITES, c’est un traité international signé par 184 pays et l’Union européenne. Il fête ses cinquante ans cette année, puisqu’il est entré en vigueur en 1975. L’objectif de la CITES est de protéger les espèces de la flore et de la faune sauvages qui sont menacées par le commerce.
« Je crois que tout le monde a déjà entendu parler du commerce illégal des tigres ou bien de l’ivoire ou encore de la corne de rhinocéros », avance Ilaria di Silvestre, directrice des politiques et du plaidoyer pour l’Europe au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). « Et bien l’organe qui établit que ce commerce est illégal au niveau international, c’est justement la CITES ».
Les annexes de la CITES des plantes et animaux menacées
Tous les trois ans, les pays signataires de la CITES se retrouvent pour une grande conférence, une COP. Deux semaines durant lesquelles les pays décident pour quelles espèces le commerce doit être règlementé. Les animaux et plantes sont répartis en trois groupes, appelés annexes et qui correspondent à trois niveaux de protection : l’annexe 1, ce sont les animaux et plantes menacés d’extinction. Pour les espèces de ce groupe, le commerce est complètement interdit. Car quand on est surpêche les requins - parce que leurs ailerons se vendent plusieurs centaines d'euros le kilo - ou quand on coupe sans compter un bois tropical - parce qu'il est particulièrement résistant aux tempêtes hivernales sur les terrasses des Européens - tôt ou tard ces espèces disparaissent.
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L’annexe 2 inclut les espèces qui ne sont pas encore menacées d’extinction mais pour lesquelles le commerce est strictement limité et règlementé pour éviter qu’elles le soient. Et l’annexe 3 regroupent toutes les espèces pour lesquelles certains pays membres demandent la protection. Aujourd’hui, plus de 40 milles espèces d'animaux et de plantes sont déjà inscrites dans les annexes de la CITES.
Certaines décisions font l'objet d'âpres négociations
Comme pour toute décision multilatérale, certaines font l’objet d’âpres négociations. Il y a par exemple des pays qui voudraient rouvrir le commerce de l'ivoire. D'autres s'opposent au classement du Pernambouc, une essence du Brésil, parce que cela compliquerait la vie des musiciens à cordes : leurs archers sont souvent fabriqués avec ce bois. Les enjeux sont aussi divers que les espèces concernées. Mais « en comparaison avec d’autres conventions, celle de la CITES est plus technique que politique », explique Ilaria di Silvestre, « parce que les décisions doivent être prises sur des bases scientifiques, des données disponibles. Et les discussions sont menées par des experts des différents pays ».
Des difficultés dans la mise en œuvre des mesures de protection
Pour mettre en œuvre des mesures de protection, la CITES a instauré un système international de permis obligatoires pour toutes les importations ou exportation d’espèces protégées. Mais la responsabilité en revient aux autorités nationales, et les pays en développement réclament davantage de soutien financier des pays riches pour pouvoir remplir ce rôle. Cette aide est d'autant plus nécessaire, souligne Ilaria di Silvestre de l’IFAW, qu'il devient de plus en plus complexe de contrôler le commerce des espèces sauvages. « Ce commerce se fait aujourd’hui essentiellement sur le net. Et les cybercriminels inventent toujours de nouvelles pour échapper aux contrôles. C’est extrêmement compliquer de pouvoir distinguer ce qui est légal de ce qui est illégal, et de contrôler ce marché énorme qui travaille sept jours sur sept, 24 heures sur 24 ».
Le trafic illégal d’animaux et de plantes sauvages pèse 100 milliards de dollars par an. Il est le quatrième marché noir le plus lucratif au monde et avec le changement climatique, les pollutions et la destruction des habitats, l'un des responsables de l'effondrement de la biodiversité.
Dans ce contexte, « il est crucial de garantir la survie des espèces dans leur milieu naturel et ainsi de maintenir nos écosystèmes en bonne santé », a souligné la Secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, lors d’une conférence de presse en amont de la COP20. « Ces espèces d’animaux et de plantes nous rendent de précieux services à nous, les humains. Elles assurent notre alimentation, notre santé, soutiennent nos industries et nos économies. La mission de la CITES est plus importante que jamais ».
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